Analyse du Budget 2024: Des efforts seront nécessaires.

Bien que le budget de cette année reprend l’une de nos priorités de longue date, nous sommes encore loin de systèmes alimentaires justes, sains et durables.

Les annonces pré-budgétaires du gouvernement du Canada pour 2024 ont donné lieu à des gains rapides pour le Réseau pour une alimentation durable (RAD) et la Coalition pour une saine alimentation scolaire. Dans une victoire historique, nous avons accueilli un financement fédéral d’un milliard de dollars sur une période de cinq ans pour l’établissement d’un programme national d’alimentation scolaire. Nous nous alignons ainsi sur la grande majorité des pays de L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) dont les jeunes bénéficient déjà d’une alimentation scolaire. Marissa Alexander, codirectrice exécutive RAD ajoute que “des programmes alimentaires scolaires bien conçus aident le Canada à atteindre les objectifs de développement durable (ODD), notamment en matière de santé, d’éducation, d’égalité des sexes, de durabilité et de moyens de subsistance locaux”.

Les détails de politique de ce programme comprenant la mise en œuvre, le financement à long terme et l’universalité restent à déterminer. Nous avons hâte de travailler avec la Coalition qui dirige les efforts visant à encourager les Premiers ministres à passer à l’action et à aligner l’alimentation scolaire saine avec la production alimentaire locale et durable.

La vice-première ministre et ministre des Finances Chrystia Freeland a annoncé d’autres résultats budgétaires le 16 avril. Le RAD se félicite du renouvellement du Fonds des l’infrastructures alimentaire sur une période de trois ans où la priorité est donnée au financement de l’infrastructure des communautés autochtones et noires, ainsi qu’à la capacité alimentaire des écoles. Le maintien de la Subvention pour le soutien aux chasseurs-cueilleurs est une priorité importante pour la souveraineté alimentaire autochtone, mais ne répond pas aux taux excessivement élevés d’insécurité alimentaire dans les communautés nordiques. Avec l’investissement dans le programme d’alimentation scolaire, ces annonces fournissent un financement supplémentaire modeste de la Politique alimentaire pour le Canada, mais sont loin de ce qui est nécessaire pour mettre en œuvre sa vision. Le RAD continuera à plaider en faveur des engagements significatifs qui sont nécessaires pour apporter un changement transformateur à notre système alimentaire.

 

Des mesures ont été prises pour améliorer l’accessibilité financière à long terme, comme le Fonds de protection des locataires, l’inclusion des contraceptifs ainsi que des médicaments pour diabétiques dans le régime national et universel d’assurance médicaments. Il est également nécessaire d’agir d’urgence et d’améliorer la situation des ménages aux plus faibles revenus. L’allocation maximale de 200 dollars par mois de la nouvelle prestation dans le filet de sécurité sociale du Canada pour les personnes handicapées, est une somme indigne. Avec des approches aussi tièdes et fragmentaires, nous sommes loin de répondre aux besoins fondamentaux de la plupart des Canadiens. L’impôt sur les plus-values des particuliers fortunés a été relevé, revenant ainsi aux normes d’avant le millénaire mais les entreprises canadiennes ont été largement laissées à l’écart. 

Les taux d’insécurité alimentaire au Canada sont les plus élevés depuis le début de la surveillance. En 2022, 6,9 millions de personnes – dont près d’un enfant sur quatre – ont connu l’insécurité alimentaire. La nature et la fréquence de la faim reflète également la persistance racisme structurel au Canada et du colonialisme, avec un pourcentage d’enfants vivant dans l’insécurité alimentaire dans les ménages noirs (46,3 %), autochtones (40,1 %), arabes (33,4 %) et philippins (32,9 %)  étonnamment élevé. Le démantèlement du racisme systémique et du colonialisme qui prévalent dans les systèmes alimentaires nécessite des solutions intersectionnelles cohérentes basées sur l’action. Ces solutions devraient englober les modes d’alimentation autochtones, le soutien au commerce de détail diversifié et d’autres modes d’approvisionnement alimentaire distincts et alternatifs. 

Malgré des domaines d’amélioration persistants, le RAD reste confiant dans l’effort collectif et la collaboration continue pour combler les lacunes des systèmes alimentaires, de la souveraineté alimentaire et de la sécurité alimentaire.